Left Lane Cruiser en concert à l'Aéronef, mardi 10 octobre 2017
Un jour, le Blues en a eu sa claque de toutes les conneries qu’on pouvait débiter sur son compte et il s’est barré loin de la civilisation,dans les collines sombres, boisées et hantées par les fantômes de ses géniteurs black et white-trash hillbillies. Retournant peu à peu à l’état sauvage, dansant et derviche-tournant sous le ciel froid et noir en hurlant à la lune, s’abreuvant de restes de moonshine au fond d’alambics clandestins abandonnés sous les frondaisons, se nourrissant de l’occasionnel steak encore saignant taillé dans la cuisse d’un infortuné randonneur-hipster végétarien, il s’est sûrement mais lentement ressourcé, mutant et se réincarnant en un monstre sec, hirsute, décharné et volontiers carnassier.
Et puis il est retourné à la civilisation. Hier soir. À l’Aéronef, Lille, France. Et il a bouffé tout cru son public, qui en a redemandé. Ce soir-là, il s’appelait Left Lane Cruiser.
Left Lane Cruiser - Claw Machine Wizard [official video]
Voui, bon, je sais, je me suis peut-être un poil trop laissé emporter par mon enthousiasme, mais fuck yeah! quel super concert que ce gig d'hier soir à l'Aéro! J'avais bien aimé lors de leur passage précédent à Fournes-en-Weppes, mais honnêtement je ne m'attendais pas à une claque pareille – le pied au plancher du début à la fin, Joe Evans et Pete Dio, les deux compères de L.L.C, même «fuckin’ tired» à cause du jet lag, ont tout lâché avec un abandon qui faisait plaisir à voir, savourant manifestement l’instant et enchaînant quasi non-stop leurs propres stompers (majoritairement issus de leur dernier lp en date, Claw Machine Wizard), plus une fine sélection de reprises heavy-duty, du Black Betty de Ram Jam, dans une féroce version dépouillée jusqu’à l’os de ses lourdeurs 70’s et renvoyée à ses origines «Leadbelly-ienne», au Rock’n’Roll Outlaw de Rose Tattoo, repris en coeur par le public, suivis d’un hommage appuyé au maître Muddy Waters, avant de terminer avec un frénétique rap-blues (ouais, c’est possible!) emporté par Dio au chant et à la batterie.
Pas d’esbroufe, pas de frime, pas de message, juste leur hard rockin’ garage punk-blues débridé et le fun de libérer les flots d’adrénaline, de se vider la tête et de se dérouiller les jointures avant d’aller faire l’amour – oups, pardon – avant d’aller s’envoyer en l’air comme des bêtes et sans retenue avec votre meilleure moitié sur le tailgate rouillé du vieux beat-up pickup truck garé au bord du bayou..
Ah oui au fait, la tournée continue et dans quelques semaines le duo terrible revient dans la région, après un passage par la Russie (Ils sont à Moscou ce soir!), à Bruxelles, à Zwarm (entre Courtrai et Gand) et à Leffinge (à côté d’Ostende).
(Pas d’APN sur moi hier, donc pas de photos ni de vidéos - juste la vidéo promo de leur titre-phare issu du dernier album, en attendant de proposer des liens vers les photos du concert de ce mardi soir, dès que j’en trouve..)