Après une première partie aussi sautillante qu'approximative et anecdotique signée Desert Pocket Mouse, Left Lane Cruiser entame son set avec une cover de Hound Dog Tailor et un original intitulé Mr. Johnson. Ok, on a pigé, le BLUES baby, mais du genre heavy-duty, punkified, noyé dans le moonshine et nourri au beans et au roadkill. Méchant, quoi, mordant et rentre-dedans! Fort de ses huit albums et onze années d'expérience, le power-trio de Fort Wayne, Indiana, sait y faire lorsqu'il s'agit d'extirper avec les dents et les griffes les clous rouillés du cercueil d'un rock'n'roll soit-disant mort depuis des lustres mais dont le cadavre remue encore pas mal, putain de zombie toujours léthal et grouillant de vie dans ses recoins les plus sombres et pourris!

Sur scène les trois lascars sont un poil statiques, slide-guitar et skateboard guitar obligent, mais on s'en tape, suffit d'ouvrir son troisième œil et sa paire d'esgourdes à leur garage-blues fiévreux et les images affluent, la rouille et la terre grasse et noire, l'alcool clandestin distillé dans les collines et les backwoods du North Mississippi, Delivrance meets Justified, les pickup-trucks patinés aux moteurs gonflés, et les vieux black badass bluesmen au fond de leurs juke-joints. En particulier, ceux qui font et ont fait les beaux jours du désormais mythique label Fat Possum, réanimateur du Blues le plus cradingue et le plus agressif depuis deux décennies. Leur reprise de Junior Kimbrough me donne d'ailleurs encore des frissons, et les originaux sont largement à la hauteur, Skateboard Blues, bien sûr, Whitebread n'Beans, et une floppée d'autres.

Fredrick "Joe" Evans IV, guitare et voix aussi rocailleuse qu'une route de montagne après le dégel, et son gang (Pete Dio aux fûts, Joe Bent à la basse et au Skiddley-Bow - la fameuse slide guitar bricolée à partir d'une planche de skate sur le principe du diddley bow) déroulent avec assurance et sérénité leur playlist de tracks à haute intensité sismique, s'interrompant juste le temps de demander if someone «has got some green?» (réponse affirmative de la part d'une accorte demoiselle qui fournit derechef un beau joint fraîchement roulé) et de remercier les quelques 150 personnes présentes d'un vigoureux «meurcy bow-coup». Belle décharge, donc, de rock'n'roll et d'American Primitivism comme on l'aime, jusqu'au final illustré par la deuxième vidéo de ce compte-rendu. Great Gig, Guys!

Left Lane Cruiser - All Damn Day

Une vidéo live de The Dead Weather, parue parallèlement à la sortie du single issu de leur troisième et tout récent nouvel album. Headbang & Enjoy.

Superbe expo parisienne que ce HEY ! modern art & pop culture/ACT III . Comme les deux précédentes, Hey! a pour objectif de proposer un large éventail d'oeuvres inclassables par autant d'artistes à la marge du système, souvent méprisés ou délibérément ignorés par le mainstream artistiquo-élitiste pseudo-branchouille. Du Lowbrow de Robert Williams à l'Outsider Art en passant par l'Art Brut (ici, notamment,  une superbe vitrine consacrée au méconnu Trench Art, l'art(isanat) des tranchées de 14/18 que les Poilus produirent en grande quantité pendant toute la durée du conflit) au Surréalisme Pop de  Mark Ryden (pour qui je me déplaçais en priorité, étant un big fan de son travail depuis ses premières pochettes de vinyles pour Sympathy For The Record Industry), il y avait effectivement de quoi être intrigué, envouté ou subjugué par la plupart des oeuvres exposées. Déroutantes, dérangeantes, captivantes, addictives, souvent trash mais jamais gratuites ou foutage-de-gueules, celles-ci imprimaient durablement les neurones et résonnent encore dans les recoins cachés de mon subconscient, une semaine plus tard..

Mark Ryden - Queen Bee (un des cinq tableaux exposés)

HEY ! modern art & pop culture/ACT III à la Halle St.Pierre, Paris, jusqu'au 13 Mars 2015.

Autre expo à la MEP, le superbe travail ethno-anthropo-photographique du Franco-Américain John Edward Heaton sur le Guatemala, un pays méconnu, aussi magnifique que rude et mystérieux. Un regard singulier, poétique et souvent plein d'humour sur son pays d'adoption, et une découverte en ce qui me concerne.

© John Edward Heaton

Maison Européenne de la Photographie (MEP), Paris, jusqu'au 31 octobre 2015.

Absolument fabuleuse, la rétrospective consacrée à Jean-Pierre Laffont à la MEP! "Tumultueuse Amérique" retrace trois décennies de photojournalisme engagé et propose une fantastique et très émouvante sélection de clichés richement commentés par J.P. Laffont, avec force annecdotes savoureuses et petites histoires personnelles parfaitement raccord avec la Grande Histoire telle qu'on la connait, quelque soit l'angle politique, social, culturel ou économique. Un MUST-SEE absolu, pour peu qu'on soit fasciné par les States, accro à la photo instinctive, ou history buff de base.

© Jean-Pierre Laffont

Maison Européenne de la Photographie (MEP), Paris, jusqu’au 31 octobre 2015.

Straight outta New Orleans, Luke Winslow King et son band distillent un savoureux cocktail de pre-war jazz, blues & bluegrass Americana, sans esbrouffe mais bourré de swing. Capturé ici au Rootsway Fest de Novellara, Italie, en 2012, deux albums sous la ceinture, à quand un Euro Tour par chez nous?

Pure Psycho.

 Ils étaient aussi lundi soir au Het Depot à Louvain, Belgique, avec Romano Nervoso. Pas nous, malheureusement, mais il y a des chouettes photos du gig ici.

L'été est (encore/déjà) loin, mais c'est pas grave, le Summer Fun des Londoniens Barracudas fonctionne toujours aussi bien quelques 35 ans après la parution de ce fabuleux (I Wish It Could Be) 1965 Again, mini-lp gorgé de Surf Punk euphorisant et de Power Pop à haut indice d'octane. Témoin cette perf sautillante dans le mythique TV show British Top Of The Pops en '80, avec synchro délibèremment foirée et une patate à réveiller les morts. Même sans la fameuse intro détournée d'une pub Plymouth des sixties (Ba Ba Ra Ra Cu Cu Da Da!!!), ça décolle au quart de tour! Enjoy.

The Barracudas - Summer Fun

Le PREMIER garage band de l'Histoire. Les précurseurs de la Surf Music. Les originators du Pacific Northwest Sound. Les initiateurs du légendaire label Etiquette Records.

Sans les Wailers, il n'y aurait pas eu les Sonics.Et sans les Sonics, il n'y aurait pas eu de rock'n'roll.

Point barre.

Pas de vidéo d'époque digne de ce nom des Fabulous Wailers en action, donc une photo, et en guise de This Week's Music Video un mashup trouvé sur le net de leur Hang Up première version - Ron Gardner au chant, from l'album Wailers Wailers Everywhere, 1965 - couplé a des clips tirés de The Astro Zombies (Ted V. Mikels, 1968), featuring Tura Satana! Enjoy.