Il y a décidément un truc vraiment particulier avec les Black Lips: cette capacité à faire naître de la beauté, trash mais sublime, et de la perfection, même précaire, du chaos à la limite du ridicule et du grand n'importe-quoi foutraque qui résultent des moindres gestes du quintet d'Atlanta, Georgia. J'adore les observer monter sur scène et tripoter leurs fringues et leurs instruments comme s'ils se demandaient par quels bouts les prendre, et j'adore encore plus quand, sans crier gare, cet amateurisme de façade, imbibé, enfumé et plus si affinités, cède brutalement la place, en un battement de cils, à une impressionnante rock'n'roll war machine, flowerpunk, pourquoi pas, imparable et jouissive, sûrement! Et quand tout se met en place après quelques minutes d'échauffement, en un big bang le vaisseau Black Lips décolle et emmène son public en orbite.. Euh, pas du tout stationnaire, l'orbite, hein, j'ai eu toutes les peines du monde à rester agrippé à ma barrière de sécurité, qui s'est vite mise à tanguer sévèrement sous les coups de boutoir des vagues de pogo danseurs et autres happy fews qui venaient s'écraser avec régularité sur mon dos, mais bon, j'ai quand même réussi à prendre quelques photos! Enjoy.

Enorme plaisir à jouer le rôle de l'enclume face à Nine Pound Hammer vers 14h30 ce samedi à Lessines! Le percutant combo d'Owensboro, Kentucky, pionnier du blue-collar cowpunk dès le milieu des 80's, a vite pris la température du festival, et c'était assez génial de voir à quel point Scott Luallen et Blaine Cartwright, les deux fondateurs du groupe, prenaient leur pied sur scène - tout comme le reste du gang (Earl Crim à la guitare, Mark Hendricks à la basse, et Brian Pulito derrière les fûts) . Un paquet de glorieux standards datant de l'époque Crypt Records, un échantillonnage parfait de leur période post-2000's, plus une impeccable reprise du Dead Flowers des Stones et bien sûr, quelques pistes issues de leur tout récent et très bon dernier lp en date, When The Sh*t Goes Down (Acetate Rds, 2021) pour un set particulièrement revigorant en ce encore-début de weekend! 

Well, la mauvaise nouvelle concernant la prog du Roots & Roses Festival édition 2022, c'est l'annulation de la tournée de Pokey LaFarge pour cause de covid (mauvais timing, bro, mauvais timing..). La bonne nouvelle, c'est la venue le samedi de Jesse Dayton, vétéran de la scène outlaw country contemporaine et digne héritier des rebelles Waylon Jennings, David Allan Coe et autres Willie Nelson. Entre son premier effort solo en 1995 (après des débuts plutôt rockab' avec diverses formations) et son dernier lp en date (le hautement recommandable Beaumonster, 2021), Dayton a enregistré une bonne quinzaine d'albums et de bandes originales de films (pour Rob Zombie, notamment) et s'est taillé une belle réputation de hillbilly enragé et engagé - en témoignent ses chansons aux lyrics absolument dénués d'ambiguïté, ou il s'en prend régulièrement à la bigoterie hypocrite et au suprémacisme blanc décomplexé d'une partie des abrutis qui peuplent 'son' état, le Texas, et le reste du Deep South toujours pas débarrassé de ses vieux démons immondes et nauséabonds.

Deux titres aujourd'hui pour commencer la semaine du bon pied (chaussé d'une vieille santiag rafistolée au duct tape, of course) - tous les deux tirés de son lp de 2016, The Revealer: son Daddy Was A Badass, bel hommage à tous les papas costauds du monde (qui plus est, ilustré de remarquables photos d'époque issues des archives et collections de la Bibliothèque du Congrès américain et de la Bibliothèque de l'Etat du Texas) - et Holy Ghost Rock'n'roller - autre piste aux paroles explicites - rien d'étonnant à ce qu'il reprenne le Born With A Tail des Supersuckers sur son dernier album - Dayton a clairement choisi son camp!

Jesse Dayton - Daddy Was A Badass

Jesse Dayton - Holy Ghost Rock'n'Roller

R.I.P. Don Everly. Bye Bye Dream Lover..

The Everly Brothers - All I have to do is dream

The Everly Brothers - Gone, Gone, Gone

Une bouffée de classic cowpoke rock'n'roll des Eighties avec cette perle signée The Beat Farmers, combo injustement méconnu par chez nous et qui mérite un virée en blue Chevrolet dans sa discographie bien fournie.. On est en 1986, Powderfinger est la troisième plage de la face-A de leur second album - Van Go - et c'est toujours aussi bon aujourd'hui qu'à l'époque!

The Beat Farmers - Powderfinger

Marty Robbins au sommet de son art du storytelling, format gunfighter ballad, en 1959.. Cool song to get the weekend started, ini't?

Il y a un peu plus de dix ans sortait le troisième album solo de Justin Townes Earle, intitulé Harlem River Blues, et dont la piste éponyme allait connaître un beau succès. Un beau titre mélangeant folk et country, infusé dans le gospel, qui aujourd'hui encore nous met du baume au coeur quand c'est nécessaire - et qui nous aide à nous souvenir d'un songwriter inspiré trop vite disparu, digne héritier de son père et de sa figure tutélaire, Townes Van Zandt, à qui Steve Earle avait emprunté son second prénom. Enjoy.

Jusqu'il y a peu, je ne connaissais quasiment que la version d'El Vez - The Mexican Elvis! - de cet excellent titre qu'est Never Been To Spain, et je viens donc de tomber sur l'original signé Hoyt Axton, enregistré en 1971 pour son neuvième album, Joy To The World. Une piste qui avait cartonné à l'époque, notamment via la cover du groupe Three Dog Night, parue la même année, et qui avair d'ailleurs été reprise par pas mal de monde, Elvis en tête. J'aime le côté cool et laidback de l'original, autant que l'adaptation - les paroles ont été changées - tout aussi kewl mais plus vindicative par l'ex-Zeros Robert Alan Lopez. In 1492, who discovered who?..

Hoyt Axton - Never Been To Spain

El Vez - Never Been To Spain

Pour faire suite au post d'hier, on reste à New Orleans avec l'un des autres combos auquel Sam Doores contribue, The Deslondes! Pure Americana fleurant bon le bayou et le back country louisianais, deux albums à leur actif à ce jour, leur self-titled debut en 2015 (dont est extrait ce The Real Deal) et Hurry Home en 2017. Enjoy.

Le cinquième et dernier album en date de Tami Neilson est sorti il y a trois jours, et le moindre que l'on puisse dire c'est que la canadienne et néo-zélandaise d'adoption frappe encore un grand coup avec ce Chickaboom!, tonique mix à base de country soul vintage, avec ce qu'il faut d'infusion western swing, gospel et rockab' du meilleur cru. La miss Neilson et son frangin Jay assurent aussi côté compos, et l'album est truffé de titres haut-de-gammes sur lesquels Tami dévoile sans efforts apparents toute l'étendue de son talent. Des capacités d'entertainer qu'on pourra apprécier en live bientôt dans la région! Concert en effet annoncé au Poche, à Béthune, le samedi 4 avril prochain.. Kewl..

Tami Neilson - Devil in a Dress

Les 80's, ça craignait vraiment côté musique si on se contentait d'allumer le poste, mais pour peu qu'on cherche à creuser un peu - via les radios locales et associatives, ou via quelques programmes télé tardifs le samedi soir sur le service public - il y avait de quoi faire de belles et exotiques découvertes, comme ce mouvement country punk qui s'épanouissait un peu partout du midwest à la Californie. Un bel exemple avec Blood On The Saddle, vigoureux combo monté par Greg Davis en 1983 avec Ron Botelho et Hermann Senac, vite rejoint par Annette Zilinskas qui délaissait la basse qu'elle tenait au sein de la première incarnation des Bangles pour se consacrer au chant. Quelques très bons albums à l'actif des angelanos, dont leur second lp, Poison Love (1986), sur lequel figure ce pétaradant Promise Your Heart To Me. Giddy Up & Go!

Le dernier album en date des Hippunks d'Atlanta, Sing In A World That's Falling Apart - leur neuvième, mine de rien - est sorti il y a quelques semaines sur Vice Rds/Fire Rds et creuse le sillon trailer-park country décalé déjà revisité à l'occasion par le quintet géorgien. Un bon cru, et une bonne raison de plus d'attendre leur passage par les quelques festivals prévus cet été par chez nous - Ils sont annoncés au Sjock Festival le dimanche 12 juillet. En bonus et pour le plaisir, un titre bien rock'n'roll, New Direction, extrait de leur sixième lp, Arabian Mountain (2011). Enjoy.

 Black Lips - New Direction

1965. Les Buckaroos et leur leader Buck Owens enfoncent pour la deuxième année le clou du Bakersfield Sound, cette variante de la Country Music très influencée par le rock'n'roll, qui posera les bases de la Outlaw Country des décennies suivantes. Un hit parmi les nombreux succès du combo, ce I've got a tiger by the tail pétille encore pas mal 55 ans plus tard, non?

Des fois tu te lamentes parce que tu trouves qu'aujourd'hui, tu as bien du mal à tomber sur un disque qui tient la route du début à la fin, et tu te consoles avec les deux ou trois ou quatre titres qui sortent du lot sur le lp d'un nouveau combo prometteur que tu as pourtant envie d'aimer en entier. Et puis, paf, comme ça d'un seul coup tu mets les mains sur un long-jeu qui ne comporte absolument aucun filler, dans lequel chaque titre fait mouche d'une manière ou d'une autre, et ou tout te touche, de la production à l'écriture, de la voix aux influences reventiquées - ou pas.

C'est le cas de ce Sauce Piquante, second album paru il y quelques semaines du franco-canadien Theo Lawrence, qui nous avait bien séduit sur scène en première partie de Gaspard Royant, au Poche à Béthune l'année dernière, et qui revient sans ses Hearts avec un album d'une efficacité et d'une maturité remarquable. Les influences (de Roy Orbison à Gene Clark, de Doug Sahm au Everly Brothers, du Tex Mex au country-folk à la musique cajun,..) affleurent sans jamais parasiter l'interprétation, et les compos sont d'une qualité impressionnante.

Un exemple via le Prairie Fire ci-dessous, et aussi ma piste favorite, ce Petit Coeur qui à chaque écoute me téléporte direct auprès de ma Jolee Blond', à Bayou Teche, au bord de l'Atchafalaya River! Magique.

Deux albums seulement - le premier paru en 1968, The Fantastic Expedition of Dillard & Clark, le second, Through The Morning, Through The Night, l'année suivante - ont suffit à garantir à cet éphémère combo californien monté par Gene Clark, l'ex-membre fondateur des Byrds et par le bluegrass banjo player Doug Dillard, le statut de groupe culte pour tous les amateurs de country folk et d'Americana. Il a quarante ans, j'avais flashé sur la fabuleuse pochette du premier lp, aujourd'hui je passe celui-ci en boucle depuis ce matin.. un parfait soundtrack pour le p'tit déj tardif pendant que le crachin tombe et que le ciel devient de plus en plus gris.

Après le split du groupe, Clark entamera une carrière solo, Dillard retournera dans le circuit roots/bluegrass, et le guitariste / bassiste Bernie Leadon ira rejoindre les Flying Burrito Brothers avant de co-fonder les Eagles.

Doug Dillard & Gene Clark

Gene Clark

Dillard & Clatk - Something's Wrong