Sjock Festival #40, Gierle, Belgique, 11-12 Juillet 2015
Au moins dix ans qu'on avait pas mis les pieds à Gierle pour ce dont on se souvenait comme un petit «grand» festival: un truc à taille humaine, bien organisé et ultra-spécialisé, avec un angle d'attaque clair et cohérent: le rock'n'roll décliné sous ses formes les plus virulentes et remuantes, de quoi se dérouiller les anches et le pelvis et se démonter la tête sans retenue. En 2015 la recette n'a pas bougé d'un iota – rockabilly, country, garage, punk, hardcore and co. - mais le fest a pris de l'ampleur avec trois scènes au lieu de deux, et donc fatalement des gigs se déroulant parfois en simultané; pas grave, on pouvait facilement et rapidement circuler du site principal (tent et main stage) à la petite scène «newcomers» située à l'entrée, et donc naviguer entre découvertes et noms (un peu) plus connus ou attendus, et se garantir un healthy shot of r'n'r, sans faire le poireau dans des files interminables et sans rater grand'chose.
Jai Malano with Nico Duportal & His Rhythm Dudes - You Better Dig It
Et comme on s'en doutait, c'est au rayon «découvertes et confirmations» qu'on s'est pris les plus grosses claques! Jai Malano, jeune rhythm'n'blues lady texane associée à Nico Duportal et ses Rhythm Dudes, a enflammé le chapiteau jusqu'au bout de leur ultime rappel - une cool cover de You Better Dig It - en milieu de dimanche après-midi, avec un mix de 40's Swing, de raw blues et de savage R'n'B digne des plus grandes (l'album Rocket Girl, sorti tout récemment sur Rhythm Bomb Rds et résultat d'une collaboration fructueuse entre la miss et Nico et son gang, est une perle qui vaut le détour).
La veille à peu près à la même heure, Jake Calypso & His Red Hot avait aussi mis le feu à cette même scène, avec son rockabilly puriste et furibarjo à la Charlie Feathers / Hasil Adkins, et surtout ses superbes compos top-shelf quality qui font toute la différence! Le public ne s'y est pas trompé d'ailleurs, ne laissant finalement partir le gang pas-de-calaisien qu'après une longue ovation méritée.
Pat Capocci - Slave For The Beat
Rayon rockab' traditionnel, une autre révélation: Pat Capocci, jeune chanteur enthousiaste et Guitar Great estampillé Aussiebilly, avait fait le déplacement depuis sa New South Wales natale pour administrer une saine dose de swinging rockabilly sans esbrouffe mais encore une fois avec une collection de compos personnelles d'une rare qualité. Normal, quand on connaît la difficulté à sortir du lot en Australie, une fois terminé le tour du pays dans un sens puis dans l'autre - faut assurer si on veut durer.. Le déjà-vétéran et son trio ont manifestement marqué le public, qui ne les a laissé repartir qu'après plusieurs rappels et un Slave For The Beat mémorable!
D'autres flashes et bons souvenirs en vrac: PowerSolo et son garage-rock mutant et déjantoïde, en version curieusement apaisée (?), une impression probablement due à l'heure de passage, au saut du lit (13h) et après avoir enquillé les 14 heures de concerts non-stop de la veille.. Annita & The Starbombers, leur country swing bien foutu en arrivant sur le site samedi.. Lisa & The Lips, un groove d'enfer et un backing-band ibérique de la muerte, Imelda May, super-pro, super-hot et super tout cours.. and of course thee already legendary Southern Culture On The Skids!!! Le Hilbilly White Trash Rock'n'Roll ultra-référencé du trio de Chapel Hill, North Carolina, était certes desservi par un son pas au top (une constante sur le main stage, malheureusement – la voix de Mary Huff quasi-inaudible sur House of Bamboo et Funnel of Love.. Dommage!), mais l'humour et la modestie de ce combo qui n'a plus rien à prouver, et le fun qui suinte de leurs titres, de leur univers, et de leurs histoires de ploucs trailer trash de série Z a finalement emporté le morceau, jusqu'à l'ultime lancer de la dernière cuisse de fried chicken dans le public!
S.C.O.T.S. with dancers on stage! - Camel Walk + 8-piece Box
Un super anniversaire donc que cette quarantième édition du Sjock Festival, même si quelques combos nous ont laissé de marbre, voire nous ont franchement déçu: les Fleshtones semblent avoir définitivement perdu le sens du timing (a shame) et les Hives sont devenu une pâle caricature d'eux-mêmes; Howlin' Pelle Almqvist a un talent certain de stand-up comedian mais devrait arrêter de s'écouter parler quand il est sur scène avec ses collègues – c'est chiant, c'est pénible et ça tue le gig – s'il veut absolument que le public réagissent tel qu'il l'espère, c'est à lui et à son gang de balancer la purée non-stop jusqu'à ce que le public en question demande grâce, putain! Là franchement, le blah blah blah, ça devient lourd, et c'est dommage quand on se rappelle ce que les suédois étaient capable de faire on stage il y a encore quelques années..
Annita & The Starbombers - Silent Lips