Il y avait un gros paquet de coupés sportifs de la "bonne" période (1964-1974) dispersés sur le site du meeting, avec de beaux exemplaires de Mustangs, Camaros, Olds Cutlass, LeMans, Chargers, Firebirds, ... plus quelques muscle-trucks El Caminos dont le '68 SS big-block gris à stripes noires fidèle du rendez-vous annuel tournaisien.

Strictement d'origine ou en version work-in-progress, trois belles T-Birds troisième et quatrième génération étaient présente sur le site. Deux Flair Birds (le modèle '64-65-66), un beau Landau '65 crème à toit vinyle noir et un coupé bleu '64 immaculé, et un peu plus loin un coupé '63 en cours probable de transformation en mild-custom: suppression des badges et insignes, abaissement notable de la garde au sol et jantes custom, plus une finition bare metal et rouille de surface qu'on imagine provisoire. Curieux de voir ce que deviendra cette Bullet Bird..

A priori rien de commun entre la petite Citroën et le Roadster '26, si ce n'est la teinte, la présence de garde-boues rapportés et le traitement hot rod traditionnel. Le hot-rodding vu comme un état d'esprit, l'approche cohérente et fun plutôt que le dogme rigide et l'étroitesse d'esprit. Love it.

Ben oui, il y avait le contingent régulier de pickups Chevrolet, dont un bien slammé 3100 "bull nose" de '54, un fingerlickin' good AK Series des mid-forties à la patine soigneusement travaillée, et un seul et unique - mais imposant - Ford F-100 '59 StyleSide à benne courte, tout simple et très cool, avec sa teinte noire, ses ridelles et ses steelies rouges. De bien beaux workhorses repartis pour une nouvelle vie!

grande

L'année dernière j'avais flashé sur une très belle berline '51 strictement d'origine, et cette année il y avait un coupé '49 choppé au beau traitement kustom classique sur la place du 73ème, mais c'est autour de cette magnifique Sedan que j'ai pas mal tourné - strictement d'origine elle-aussi, dans un état d'apparence proche du neuf, plantée toute seule au milieu des camping-cars parqués au stade.. La classe intemporelle!

Trois "Bullet Birds" - la troisième génération du fameux personal luxury coupe de chez Ford - et trois millésimes, puisque chaque année était représentée ce samedi à B.R. J'adore toujours autant, du museau "bullet" (balle de fusil) aux feux arrières en forme de tuyères de jet... sans oublier les petits détails cosmétiques qui différencient chaque modèle. Toujours aussi cool, la T-Bird!

Les Mustangs étaient bien sûr nombreuses à B.R., éparpillées sur tout le site et les parkings proches, avec pas mal de beaux modèles modifiés ou restaurés, voire parfois encore dans leur jus. Mais c'est vraiment ce coupé fastback et ce cabrio '66 qui ont attiré mon objectif, d'abord à cause de ce superbe orange pétant tellement sixties qui leurs va comme un gant, et ensuite, très vite, par la qualité du travail de restauration, qui donne l'illusion le temps de la découverte d'avoir en face de soi des caisses qui sortent tout juste du showroom Ford - Incroyable feeling et voyage temporel garanti!

J'ai beaucoup tourné autour du 2+2, la carrosserie fastback ayant toujours été ma favorite, et ensuite j'ai eu une discussion très instructive avec le sympathique proprio du convertible, qui très vite m'a montré via son smartphone les photos du gros travail de restauration entrepris par ses soins pour arriver au superbe résultat qu'on aperçoit sur les photos. Ben ouais, "qu'on aperçoit" seulement, because, tout à la conversation, j'ai oublié de shooter la moitié des photos que je voulais faire - dont celle du superbe intérieur pony et autres détails si typiques de la première et de la plus emblématique de toutes les pony cars des 60's. Partie remise!

On a souvent l'occasion à B.R. de croiser l'un des rods qui font les couv' des magasines français orientés custom & rodding, et c'était encore le cas ce weekend, avec notamment ce fabuleux old-school coupé 5-fenêtres Chevrolet 1932, détaillé entre autres dans le N°37 de Powerglide en mai 2016, ou ce pickup sur base Ford '34 bien roots lui aussi. Et j'aime le contraste dû à la différence d'échelle entre le street rod Ford '34 Tudor Sedan et l'un des piliers de B.R., la toujours aussi groovy Deuche "Working Tool", bientôt dans Nitro!

Autre classic American iconique, le pickup Ford F1 1/2 Ton 1948-'52, ici dans sa première version ('48-'50), en deux magnifiques exemplaires resto d'origine plus une transfo d'époque en dépanneuse au look sauvagement rustique et vintage. Comme quoi ce n'est pas toujours indispensable de bidouiller en profondeur un de ces engins pour obtenir un cool grocery getter et aller chercher les croissants le dimanche matin.

Le premier type qui s'est demandé ce qu'il pouvait faire à sa caisse d'origine pour qu'elle aille plus vite et qu'elle accélère plus fort a logiquement opté pour la solution la plus simple et la plus évidente: avant même de tripoter le moteur pour lui faire cracher quelques chevaux supplémentaires, il fallait faire la chasse aux kilos superflus et virer tout ce qui ne servait pas strictement à avancer. C'est ce qui s'est massivement passé avec les premières automobiles populaires aux States dès les 20's et 30's, bien avant que le terme de "hot rod" ne commence à circuler (puis cesse d'être synonyme de délinquent juvénile / danger public), et ces gow jobs ou hopped-up cars eurent très souvent comme bases les premières Ford T puis les Model A, avant l'arrivée de la (aujourd'hui) mythique Model B V8 de 1932.

Les deux Model A '28-'31 belges garés Place du 73ème illustrent parfaitement cet archétype roots / hot rod primitif du gow job: tout ce qui subsiste de la carrosserie est d'origine, des roues fils au chassis en passant par la caisse non choppée et le 4-Banger (le quatre cylindres Ford) ainsi que tout le soubassement sont stock, mais les ailes, marchepieds, parechocs - voire les panneaux latéraux sur le coupé '30-'31 blanc crème, remplacés par des sangles - ont disparus. Le Sport Coupe '28-'29 jaune exhibe quand même fièrement un rare collecteur d'admission pour deux carbus Burns d'époque, une belle pièce perfo vintage en alu qui montre bien à quel point le démon de la vitesse travaillait et travaille encore les hot rodders d'hier et d'aujourd'hui!

A l'autre bout de la place, un beau A roadster '28-'29 restauré permettait de comparer l'originel aux deux modified ci-dessus. Belle caisse!

Bonus (en anglais) pour en apprendre davantage sur l'origine argotique des termes hot rod, hop-up, gow job et autres souped-up cars, un échange particulièrement éclairant sur le forum du H.A.M.B. ici. Les références aux chevaux de courses dopés, aux toxicos et à la consommation d'opium en Californie au début du 20ème siècle sont savoureuses..

Deux belles T-birds étaient également présentes lors de ce meeting, le magnifique cabriolet '57 saisi au vol à l'entrée du parc, et à quelques mètres de là, une coolissime "Flair Bird" de '65, autrement dit une quatrième génération (1964 à '66), en version coupé, garée à côté de quelques copines mustangs du même vintage. Difficile de choisir entre les deux..

Et même un p'tit Dodge bien rustique et un Delivery poséparterre. Il y en avait vraiment pour tout le monde, des modèles complètement stocks téléportés directement du ranch ou de l'atelier de banlieue aux full custom jobs plus ou moins radicaux en passant par les sleepers cabossés avec vraies ou fausses patines et métal nu. Plus, en bonus, une magnifique Indian dans la benne d'un 3100 '52 façon shop truck...

Leadsleds, kustom kemps ou custom cars au sens strict, il y avait un paquet de classiques sur le meeting, transformées en boulevard cruisers dans les règles de l'art, avec tout de même une interprétation assez libre de l'idée de "custom" au sens 50's originel (pas trop loin du sol!), mais sans aucune fausse note: ça allait de la shoebox Ford '49 et de la Chevy '54 avec scallops old-school et choix de teintes très fifties à la Buick '54 déchromée à mort (sauf les trois VentiPorts latéraux si typiques des séries Super et Roadmaster), avec fender skirts rapportés et parechocs peints ton caisse (une ex-mauvaise idée très 90's qui s'avère tout à fait cool pourvu que la caisse soit.. blanche), en passant par un fabuleux business coupe Packard fin 30's et une Buick Sedanet du milieu des 40's "juste" posés par terre mais à part ça aux carrosseries strictement d'origine.. sans oublier la Chevy 4-door De Luxe '49 sur air ride, ou comment faire d'une berline basique et bien patinée une super luge de plomb spectaculairement razbitume!...

Et puis il y avait The Count, un business coupe Dodge '48 transformé en full custom par Tristan Kustomising, un talentueux customiser de Heerlen aux Pays Bas, qui a fait subir au valeureux coupé tous les derniers outrages, du topchop radical (un poil too much à mon goût, mais bon..) au relifting sauvage de la face avant (une réussite, là). Je suis attentivement le travail de ce shop sur facebook depuis que je me suis aperçu qu'il travaillait sur la nouvelle version de la Chevy '53 de Vincent Wolfs, qui m'avait tant tapé dans l'oeil à Béthune rétro en 2013 et en 2015 - Au vu de l'avancement du chantier, le résultat promet d'être assez démentiel!

La Ford Motor Company était bien représentée sur le meeting, avec la floppée habituelles de Mustangs dont quelques très belles '65/'66, mais on croisait aussi d'autres très cool modèles arborant le patronyme d'Henry ou estampillés Lincoln et Mercury. La Galaxie 500 cabrio de '65 avait l'air d'origine mais comportait quelques subtiles petites modifs cosmétiques bien sympas. A quelques mètres de là, deux Torinos (une '70 - la verte - et une '73) prenaient le soleil, tout comme cette magnifique Mercury Cougar rouge pétant posée pas loin de l'entrée.  Quatre caisses pas si courantes que ça, et dans des états qui laissent rêveur. Et ça fait du bien de tomber sur une Gran Torino rouge sans les sempiternelles et gonflantes bandes latérales à la Starsky & Hutch..

Ce convertible Lincoln Continental était particulièrement imposant, même en baby blue - et le club Mustang local avait eu la bonne idée d'exposer au milieu de ses pony cars ce beau petit Ford Transit européen en resto strictement d'origine.. Un chouette petit van qui redevient intéressant en vieillissant, je trouve..

.. et dans "notre" quartier (Bushwick, autour de Jefferson et Bogart Streets), on croise régulièrement des engins biens cools et des survivors qui roulent encore, voire une authentique épave de Cadillac Sedan des mid-60's abandonnée depuis des lustres le long du trottoir. Love it.

Kool le p'tit chop shovelhead bien typé 70's, avec sa selle king & queen typique et ses détails period-correct. Un engin sans prétention et dans son jus, pas une bête de show mais juste un chopper qui roule. Nice..

Ce Ford F1 des early-50's a été mild-customisé il y a deux ou trois décennies, et sert manifestement quotidiennement, avec les marques du temps et les pocs inévitables. Faudrait pas grand' chose pour le remettre au goût du jour: commencer par virer le rolled-pan et ses feux arrières de corvette récents et lui remettre un jeu de jantes et de pneus adéquats, plus une nouvelle peinture et un stance qui va bien, et hop, c'est reparti pour une troisième nouvelle jeunesse!

Exactement le même feeling avec ce Chevy '57 stepside, qui porte bien son nom ici!

Bonne bouille cette Jeepster bien patinée, tout comme la CJ ci-dessous, la caisse de tous les jours et le work horse qui sort du lot.

En toute logique, on ne croise que des caisses modernes et proportionnellement, beaucoup d'européennes (comprendre "allemandes") et de japonaises récentes dans les rues de Manhattan (les seules américaines étant les Crown Vics des flottes de limousines & taxis, et les gros pickups et SUVs Suburban, Escalade et autres Navigators, toujours noirs avec vitres teintées!), alors que si on se balade du côté de Brooklyn, de Harlem ou du Queens, on fini immanquablement par tomber sur un vestige du fantasme de la grosse américaine des bonnes années, telle cette longiligne et bien patinée Buick Electra 225 des mid-60's.

Quant au Roll Up Brooklyn garage dont j'ai déjà parlé, c'était plutôt cool de voir régulièrement un paquet de vieilles Honda Four, gromonos Yamaha et autres garés sur le trottoir ou sur le point de reprendre la route.

Bonus pas vraiment "in my street" (because shootée en me baladant de DUMBO vers Brooklyn Heights) mais dans le même genre, cette hautement désirable Mustang '68 GT/CS, une California Special bien loin de chez elle et semble-t-il immobilisée depuis un bon bout de temps. Produite à seulement 3867 exemplaires de Février à Août 1968 sous la houlette de Shelby Automotive, cette série limitée bénéficiait d'un paquet de pièces de carrosserie spécifiques en fibre de verre, comme le side-scoop estampillé GT/CS bien visible sur la photo. La rouille perforante en bas de la vitre arrière n'augure rien de bon, mais elle a tout de même de beaux restes, la p'tite 'Stang!

Update été 2019: elle est toujours là, elle a changé de côté dans le parking grillagé, elle a un pneu à plat, et elle a l'air encore un peu plus fatiguée qu'il y a trois ans.. Sad. Si vous passez par le Fulton Ferry Historical District, à l'intersection de Doughty St. et de Everit St. jetez un coup d'oeil au parking lot qui fait le coin, elle y sera encore sûrement..